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Meilleur Ouvrier de France : la quête de l'excellence

Pour sa candidature au concours, Frédéric Faure a réalisé, seul, en plus de 600 heures, un jardin provençal alliant tradition et modernité, rigueur et innovation.

Candidat provençal, Frédéric Faure vient de participer à l'épreuve finale du 24e concours « Un des Meilleurs Ouvriers de France ». En attendant le verdict, il a su fédérer autour de son oeuvre les élèves de la Maison familiale rurale d'Uzès, où se situe « son jardin ».

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Paysagiste à son compte depuis quatre ans (Art des jardins, à Rognonas, dans les Bouches-du-Rhône), Frédéric Faure attend les résultats du 24e concours « Un des Meilleurs Ouvriers de France » (*) dans la catégorie « Art des jardins paysagers ». Le 28 avril dernier, il a accueilli les jurys pour leur quatrième et dernier jugement. « À partir d'un thème imposé, “Le respect du patrimoine régional”, je devais réaliser mon jardin sur 150 à 200 m², en choisissant végétaux et matériaux dans les catalogues des quatorze entreprises partenaires du concours. Le lieu devait être “visible de la rue”. J'ai opté pour la Maison familiale rurale Le Grand Mas à Uzès, dans le Gard, où j'avais passé un BEP JEV en 1988. Intitulée “Au fil de l'eau, au fil du temps”, ma création évoque le Languedoc-Roussillon avec ses poteries, ses fontaines, sa voie et son pont romain, les Cévennes, la garrigue et la Provence... », explique Frédéric.

Une création novatrice à la portée des plus jeunes

« Les sept membres du jury final se sont montrés enthousiastes et ont attribué une notation très homogène à un demi point près », explique Dominique Pain, président du jury. « Frédéric Faure a su décliner le thème imposé dans le choix de l'implantation, les courbes, les mesures... Il a su être créateur, novateur et rigoureux. Il a bien marié les éléments et les végétaux locaux. La lecture de ce qu'il a fait est compréhensible par des jeunes et, en plus, il a donné le plan, les documents d'entretien et les clés de son oeuvre à un centre de formation ! Ce jardin va rester en place. Aujourd'hui, chaque candidat réalise son oeuvre dans sa région. Nous avons cette année un autre chantier aux Ponts-de-Cé (49), un à Lentilly (69), un à Rignac (12) et un à Saint-Médard-en-Jalles (33). Ces réalisations deviennent de véritables vitrines pérennes de l'excellence. Nous allons encore élever le niveau de sélection et le faire évoluer, en intégrant par exemple la thématique des patios, celle des jardins de plus en plus populaires en tant que nouvelle pièce à vivre... »

« J'ai toujours eu beaucoup de volonté et recherché la perfection, poursuit Frédéric Faure. J'ai commencé à 15 ans comme apprenti. Mais je ne me suis pas contenté de mon BEP. J'ai constamment cherché à acquérir d'autres compétences autour du jardin. J'ai passé un CAP d'électricien en candidat libre en 1999, j'ai suivi des cours de soudure et de ferronnerie... J'ai envie de la reconnaissance au plus haut niveau dans mon métier qui n'est pas seulement un travail manuel. Il exige de la créativité et de multiples connaissances en électricité, soudure, maçonnerie, irrigation et pompage... Il permet de travailler à la fois la pierre, le bois, l'eau, le fer, les végétaux... Imaginez ma fierté si je réussis à obtenir le titre de MOF ! Quoi qu'il en soit, j'ai envie d'avancer et d'aider les jeunes. » « Participer à ce concours et pouvoir montrer cette réalisation constituera une bonne carte de visite pour notre entreprise, une belle valorisation de notre métier. Et une satisfaction pour mon mari d'être reconnu pour ses compétences », ajoute Agnès, son épouse.

La valorisation du métier devient une vitrine pour recruter

Armelle Rebaud, directrice de la Maison Familiale Rurale d'Uzès, qui a accueilli la réalisation de Frédéric Faure, n'en revient pas : « Au début, j'ai accepté parce que c'est un ancien élève et parce que son sujet est lié au patrimoine. J'y voyais une opportunité de communication et de motivation pour nos apprenants. Mais sa réalisation est une vraie vitrine : c'est l'oeuvre d'un ancien élève qui valorise son métier et son savoir-faire auprès de nos élèves. Il a présenté son travail à tous nos jeunes formés en espaces verts, mais aussi à toutes les options, et à de très nombreux habitants et partenaires locaux. J'avais quelques craintes mais nous avons pu constater un profond respect de son travail. Les élèves sont souvent allés spontanément le voir, lui poser des questions. Il est devenu en quelque sorte leur mascotte. Il leur a montré la richesse et les facettes de son métier. Sa réalisation s'intègre bien dans le cadre de notre site, Le Grand Mas. Elle a même été le prétexte à engager des travaux de forage car nous n'avions aucun système d'irrigation dans notre établissement. En plus, elle a incité aussi bien les jeunes que l'équipe à se lancer dans des travaux pour nettoyer, fleurir et entretenir le parc alentour bien plus vite que cela n'aurait été fait en temps normal. Maintenant, le relais est passé à nos élèves qui ont en charge l'entretien du jardin de Frédéric. En cette période de recrutements, cette création me permet de montrer aux parents d'élèves ce qu'est vraiment le métier de paysagiste. La motivation, les résultats, l'impact réel vont bien au-delà de ce que j'avais prévu au départ. »

Frédéric a-t-il déjà fait des émules et donné envie à certains élèves de participer à de telles compétitions ? « Pas pour les MOF. Pour l'heure, nous allons devoir organiser une compétition interne pour les prochaines Olympiades régionales des métiers, car nous avons trop de candidats déclarés et nous ne pouvons présenter qu'un binôme. Deux éditions auparavant, c'est un tandem de notre école qui avait été reçu premier au niveau régional », ajoute Armelle Rebaud.

Odile Maillard

(*) La compétition, qui se déroule tous les trois ans, s'adresse à des adultes de plus de 23 ans.

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